DOSSIER:
«Le phénomène de gang: Une adolescence criminalisée.» par Mathieu Bédard et Stéphane Vincelette, UQTR, 11 décembre 1995. Dans le cadre du cours EFI-1065, présenté à M. Jacques Rousseau |
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de l'intervention et de l'animation vu sous l'angle de la
psychoéducation.
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INTRODUCTION.
La société ressemble quelque peu au corps humain. Il y a certains domaines où tout va pour le mieux, alors que certains autres seraient plus comparables à des cancers. Comme le corps humain, tout est en interaction. Ces cancers, que l'on peut définir comme problèmes sociaux, doivent être pris en charge sinon, qui sait ce qui en découlera? Nous avons décidé de nous attaquer à une tumeur, c'est-à-dire le phénomène de gang chez les jeunes. Nous procéderons à une biopsie de la tumeur pour être en mesure de mieux l'étudier. Nous débuterons cette analyse du phénomène de gang par la présentation des critères qui en font une problématique sociétale de par son ampleur et selon les statistiques disponibles; suivra un chapitre sur les facteurs associés tels qu'un survol de la crise d'adolescence, l'importance de la bande ou du besoin de se regrouper pour les adolescents. Puis, nous approfondirons la problématique en essayant de cerner les causes de la transition d'un simple regroupement d'amis vers une bande délinquante. Dès ce moment que nous identifierons les besoins auxquels répond la bande délinquante dans le cheminement de l'adolescent pour ensuite s'attarder aux différentes structures des bandes existantes ainsi qu'un survol rapide des rites de passages et des lois en vigueur dans les bandes. Nous terminerons ce chapitre par la présentation des différentes activités illicites existantes dans le monde des gangs de rue ainsi que des liens pouvant unir les bandes adolescentes avec le milieu criminel adulte. Le chapitre 4 enfin, nous entretiendra, à différents niveaux, d'intervention et de prévention. I- LE PHÉNOMENE DE GANG: UN PROBLEME SOCIAL. 1.1 Définitions. Le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal définit le «gang de rue» comme: «un regroupement d'individus, habituellement des adolescents ou de jeunes adultes, privilégiant l'utilisation de la force, de l'intimidation, dans le dessein d'accomplir avec une certaine régularité des actes criminels à caractère violent». Une autre définition a été réalisée en combinant les points de vues exprimés par les participants au programme «Grandir ensemble: Les bandes de jeunes vues par leurs membres.». Dirigé par Frederick Mathews (psychologue communautaire): « Une bande ou groupe de jeunes est un groupe composé de trois jeunes ou plus dont la composition est souvent fluide mais qui comprend au moins un noyau stable de membres qui se considèrent et qui sont considérés par les autres membres comme étant une bande ou un groupe, qui se regroupent pour des raisons sociales, culturelles ou autres et qui commettent de façon impulsive ou délibérée des actes antisociaux, délictueux ou criminels.» Mathews (1990) nous propose cette typologie à titre exploratoire: 1. Groupes inspirés par la mode ou un besoin d'association. 2. Groupes ethnoculturels. 3. Groupes politiques ou pseudo-politiques. 4. Groupes violents (sociopathiques). 5. Groupes de délinquants axés sur la criminalité. 6. Jeunes de la rue. 7. Groupes spontanés. 8. Groupes de justiciers. 1.2 Critères (Ampleur et statistiques). Nous démontrerons au cours de ce travail que le phénomène de gang est réellement un problème social. Bien que le fait de se regrouper ne constitue pas en soi un délit, et que tous regroupements d'adolescents ne mènent pas à des actes de délinquance, la dénomination de phénomène de gang comme problème social n'impliquera ici que les groupes de jeunes commettant des actes répréhensibles par la loi. Ayant identifié lors de nos cours les personnes susceptibles de construire et définir les problèmes sociaux comme étant: les groupes qui vivent des situations (les acteurs), les groupes de pression (lobby), les experts, les médias et le droit, c'est donc ces «personnes» qui, en premier lieu, nous aiderons à démontrer que le phénomène de gang est un problème social. Face au problème retenant notre attention; les médias ont sûrement joué un rôle important afin de conscientiser un plus large auditoire au phénomène. Les articles retracés font remonter au début des années '80 le début du «nouveau» phénomène de gang avec le mouvement des «SKINHEADS» mais à l'orée des années '90, le phénomène se transforme et acquiert une nouvelle réalité. En plus des médias, les acteurs viennent nous faire part de leur crainte de ce phénomène. Il s'agit des victimes de ces bandes, entre autres: les commerçants, les professeurs et directions d'écoles, les écoliers et également le voisinage où ont élu domicile ces bandes délinquantes. Les uns sont victimes de vol, les autres de vandalisme, d'autres encore de viol, d'agressions et taxage ou encore de vol par effraction et de tapage nocturne. La présence de ces groupes déviants, allant à l'encontre des normes et valeurs en vigueur dans la société, démontre une fois de plus l'existence d'un problème. De plus, l'intervention policière (CUM) avec son unité spéciale (anti-gang), l'émergence du projet HÉRISSON ou encore du projet I.M.P.A.I.R.S ayant pour but de démanteler des cellules jamaïquaines bien implantées dans le milieu de la drogue dénotent l'existence d'une problématique. Nous verrons plus tard les liens unissant les gangs de rue et le trafic de stupéfiants. Les livres récents et les statistiques parlant de ce phénomène demeurent assez rares: la littérature sur le sujet ayant été plus prolifique au début des années '60. Toutefois, ces dernières années, avec l'explosion des gangs de rue, on peut sentir l'intérêt renouvelé de certains experts à écrire sur le sujet. La délinquance en groupe n'est pas née dans les années 1980-90 néanmoins, on distingue nettement une recrudescence du phénomène. Il apparaîtra vers la fin de la deuxième guerre mondiale et prendra son expansion dans les années 1950-60. À ce moment, les gangs étaient un phénomène de «blancs». Nous verrons plus loin, qu'aujourd'hui, le phénomène de gang a surtout une connotation de confrontation inter-territoriale ou encore inter-ethnique. Dans «LA DÉLINQUANCE DES JEUNES EN GROUPE (1963)», Michard nous indique: « Le phénomène a été constaté dans beaucoup de pays. Le cinéma dans une série de films dont certains sont devenus des classiques, l'a universalisé; la presse, en lui consacrant de nombreux articles, et souvent à la une, a sensibilisé l'opinion à un problème qu'elle identifie à la fois à la délinquance et au mal de la jeunesse». De plus, il nous rappelle que les médias, tout en nous informant, amplifient, déforment et globalisent le problème. En 1960, les médias avaient créé, selon Michard, un mythe de ce phénomène social. À l'époque, les spécialistes également se préoccupaient des formes «banales» de la délinquance des adolescents en groupe, qui leur semblait en recrudescence. Chacun perçoit la délinquance des gangs de jeunes selon son propre système de valeurs et en fonction de sa réaction face à l'événement. Certains y voient une révolte contre l'ordre social établi, d'autres y voient l'expression actuelle des conflits de génération ou encore une crise de civilisation. Déjà en 1963, on parlait de «démission de la famille», de «carence sociale», sans toutefois oublier les dangers de la vie moderne et l'accélération de l'HISTOIRE, tout cela afin d'expliquer l'opposition ou le désarroi des jeunes de l'époque. À Montréal, il y aurait 1320 membres divisés en une soixantaine de gangs. Cependant, il n'y aurait qu'une dizaine de bandes considérées comme étant structurées à visée criminelle. Il faut noter, en terminant, que le phénomène bien que présent dans tout le Québec, demeure beaucoup plus important à Montréal . II- LES FACTEURS ASSOCIÉS: 2.1 Le besoin de se regrouper à l'adolescence. L'adolescence est une période plus propice à la solitude, en ce sens qu'il y a rejet des valeurs inculquées par les parents. L'adolescent se retrouve donc face à la société avec ses angoisses et ses peurs. Le regroupement viendra apaiser l'effet de solitude et offrira à l'adolescent un lieu de partage, de communication et de soutien lui permettant d'affronter le monde adulte. Depuis toujours, il a existé dans les tribus, les villages et les villes, des bandes de jeunes qui se regroupent et jouent ensemble. Ces bandes se forment au gré des rencontres. L'aspect ludique est l'un des buts premiers de ces rassemblements. 2.1.1 La crise d'adolescence. Elle serait perçue comme une étape reliée à la remise en question de l'autorité, des valeurs et des conduites jugées acceptables ou non par le jeune. De plus, on dénote fréquemment l'arrivée des relations sexuelles, amoureuses et amicales que les parents vont tant bien que mal tenter de superviser. La constatation évidente d'un déséquilibre provoquera un ensemble de changements que l'adolescent tentera de rééquilibrer tout au long de son adolescence. 2.1.2 L'importance de la bande La bande remplace la famille. Elle donne l'occasion de jouer un rôle, d'être quelqu'un, d'y sentir une chaleur affective, de vivre un sentiment de sécurité et de solidarité apaisant l'anxiété. Les copains sont présents, ils soutiennent et écoutent sans juger. Qui n'a pas entendu un jour un adolescent s'exclamer: «jamais sans mes amis» ou «je ne les dénoncerai jamais» voire encore, «à la vie à la mort». Voilà un portrait de l'amitié à l'adolescence qui en dit long sur le «pacte» unissant un jeune à son groupe de copains. Chacun veille sur l'autre et peu importe ce qui arrive, la sera une des dernières choses que le jeune remettra en question. Certains facteurs, comme la pauvreté, les difficultés d'adaptation, les familles désunies et le manque d'autorité parentale, peuvent être des causes menant les jeunes à se regrouper. Le rôle que rempli le gang peut être différent pour chacun des membres d'une même bande. Pour l'un se sera un lieu de calme, car ses parents se disputent régulièrement chez lui. Pour l'autre, ce sera l'ennui, les difficultés scolaires, le rejet parental ou tout simplement le manque d'espace chez lui (trop nombreux pour la grandeur de l'appartement, l'adolescent ne disposant pas d'un territoire qui lui est propre). La recherche d'identité, d'estime de soi, d'un certain sentiment de pouvoir jouent un rôle important dans le besoin de se rassembler. On peut le voir par certains rites de passage, type de musique, on se donne un surnom, des couleurs (expression et habillement), un territoire et des règles strictes. Le plus fréquemment, le voisinage (vie résidentielle et milieu scolaire) collabore à l'origine des regroupements. Selon une étude faite en France en 1963, le voisinage serait invoqué dans plus de 52 % des cas de regroupements. La disponibilité des lieux de rencontre a son importance. Avec le temps, au rythme des rencontres, les jeunes s'approprient le lieu, ça devient leur territoire (parcs, bouches de métro, terrains vagues, arcades, ruelles, et lieux désaffectés). Un simple rassemblement ne suffit cependant pas à créer un groupe. C'est pourquoi le temps de disponibilité des jeunes demeure la cause la plus importante qui intervient dans la constitution de groupes de jeunes délinquants. Ils doivent disposer d'une certaine disponibilité pour se rencontrer (la liberté d'emploi du temps). Le surpeuplement du quartier a une influence certaine sur le comportement des jeunes. Si le domicile est inhospitalier, les jeunes ressentent le besoin de le fuir. L'école joue également un rôle important (17% en 1963) en ce qui a trait à l'origine des bandes. 2.2 La transition vers le gang délinquant. 2.2.1 Les causes de cette transition. Plusieurs facteurs peuvent augmenter les chances d'un enfant à devenir délinquant, tels la pauvreté, la violence, l'alcoolisme parental, le dysfonctionnement cérébral minime, l'hyperactivité, les troubles d'apprentissage, etc. De plus, on peut ajouter pour les familles immigrées d'autres facteurs tels les difficultés d'adaptation, l'intolérance de certains face aux différences, de même que le choc de deux cultures (familiale et sociale). Tous ces facteurs peuvent contribuer à l'apparition de comportements délinquants. Cependant, bien des jeunes, issus de familles dites «normales» se retrouvent également «délinquants». Dans le livre «Enfants en péril», l'auteur cite: «Je crois que dans la majorité des cas les comportements asociaux et les troubles de la personnalité de type asocial...résultent de la privation émotionnelle ou de l'absence de soins parentaux». Or, ces jeunes délinquants en viennent à se regrouper puisqu'ils seront jugés ou considérés comme déviants. À ce moment, il est facile de voir l'escalade qu'amène l'influence des délinquants entre eux quant aux délits commis. Dans le milieu scolaire, les délinquants travaillent moins parce qu'ils ne sont pas motivés, ils désirent en sortir le plus rapidement possible. Cependant, ils ne sont pas paresseux, ils s'ennuient tout simplement. La famille joue un rôle important en ce qui a trait à l'adaptation scolaire. Or, une carence en milieu familial entraîne des difficultés. Par exemple, le manque de supervision parentale et le manque d'intérêt lié à ce que l'enfant fait, n'amène certainement pas le jeune à se dépasser. Pour ces jeunes, l'école ne représente pas la vraie vie, il n'y a pas de surprises, d'action ou d'excitation. Tandis qu'à l'extérieur de l'école ou dans leur gang, ils font de l'argent plus vite, ils mènent une vie plus libre, plus aventureuse, plus dangereuse que la vie ordinaire. Auparavant, nous avons parlé de l'influence qui s'exerçant entre eux, mais nous croyons important de développer davantage. En ce qui a trait aux délits commis, on distingue deux phases importantes: la première, la contagion réciproque s'avérant une période d'initiation pendant laquelle de petits groupes de camarades s'encouragent mutuellement à commettre des délits simples; la deuxième, un apprentissage technique, c'est-à-dire une période de consolidation pendant laquelle les délinquants font l'acquisition du savoir-faire et des relations nécessaires pour commettre des délits présentant des difficultés d'exécutions supérieures. Cusson (1981) indique: «Les adolescents passent souvent à l'acte parce qu'un camarade les a encouragés à le faire ou encore parce qu'ils ont été mis au défi. Il est très rare que des jeunes obligent un autre à commettre un acte répréhensible, ils agissent plutôt par un ensemble de pressions, d'incitations, de provocations, d'invitations qui sont d'autant plus efficaces que celui qui est visé sans que sa réputation soit en jeu». Dans ces milieux, le crime n'est pas associé à une vision négative, à l'inverse, il représente un acte courageux, intelligent ayant mis la force du jeune à l'épreuve. Donc, en plus de s'influencer, de rendre le crime moins dangereux, lorsque que fait à deux, ils en font une valorisation. Alors, il n'est pas étonnant de voir les gangs grossir et se structurer. Certains auteurs indiquent qu'il existe une «tension» entre les forces poussant l'individu vers la délinquance et celles qui l'en repoussent. L'individu devient le champ de bataille d'une lutte que se livrent les facteurs d'attraction externes à l'individu (Ex: le groupe délinquant) et les facteurs d'incitation propres à ce dernier (caractéristiques organiques, hostilité, agressivité) versus les facteurs de confinement externes (parents et amis non-délinquants) et les facteurs de confinements internes (intériorisation des normes de respect des lois). Une fois la bataille terminée, le jeune choisi le «vainqueur» mais, comme dans toute guerre, ce choix n'est pas définitif: gagner une bataille, n'est pas gagner la guerre. On a pu identifier au cours des entrevues effectués, le besoin d'acquérir du prestige au sein de la bande (statut), et l'accession à des biens matériels seraient deux facteurs incitatifs à cette transition. «Ce qui caractérise particulièrement le fonctionnement du délinquant c'est le principe de plaisir. Il veut satisfaire ses impulsions indépendamment de la réalité du monde extérieur et surtout éviter toute conséquence à ses actes. (Éducation et rééducation par les activités physiques, Boscoville, 1973)» Dans son essai, «DÉLINQUANCE SYSTÉMATISÉE DES JEUNES ET VULNÉRABILITÉ SOCIÉTALE», Lode Walgrave décrit deux indications essentielles qui font qu'un délinquant risque de s'enliser dans une activité délictuelles plus persistante. La première, le statut social du jeune lui-même (et non pas de sa famille), hypothèse corroborée par Hirschi,1969; Thornberry, Farnworth, 1982, la deuxième, l'écologie du milieu socio-culturel dans lequel vit le jeune, Hindelang, Hirschi, Weiss, 1981, abondent dans le même sens. Walgrave (1992) parle de trois types de délinquance juvénile. Le premier type serait la délinquance-symptôme. Les comportements délictueux seraient les symptômes d'une crise de vie aiguë, l'abandon affectif, ou encore de dysfonctionnements du système familial. Le second type, appelé délinquance passagère, serait le fait de la majorité des adolescents commettant des actes délictueux. Ce type de délinquance fruit des changements se produisant à l'adolescence tels la recherche d'une identité propre pour l'adolescent, la remise en question de l'autorité venant de l'adulte (tester les limites) et des valeurs qui leurs furent inculquées par ces derniers. C'est pourquoi, ce type de délinquance aurait une forte tendance à disparaître au-delà de l'adolescence (Leblanc, 1976-77; Rutter, Giller, 1983 seraient en accord avec cette thèse). Le dernier type serait, selon Walgrave, la délinquance de précarité. Elle se manifesterait par un sentiment de précarité sociale actuelle et future. Il y aurait un enracinement de la délinquance dans les conditions de vie de l'adolescent. Il y aurait persistance et augmentation des délits et de leur gravité. Il est exceptionnel qu'un groupe se constitue en vue de commettre des actes de délinquance. La presque totalité des groupes aux activités asociales ou délinquantes étudiés par Michard (1963) ne différaient en rien, à l'origine, des autres regroupements d'adolescents. Comme on l'a vu précédemment, le temps de disponibilité est un pré-requis important dans la constitution d'une bande. Pour la délinquance proprement dite, ce temps disponible est tout aussi essentiel. Les membres de groupes délinquants sortent plus souvent et plus tard le soir, ils participent plus rarement à des activités socio-culturelles ou à des mouvements jeunesse. Si l'on considère que les actes délictueux commis par les gangs de jeunes se produisent lors des congés scolaires, la fin de semaine et sur semaine vers 15 heures et entre 18 heures et 2 heures du matin, on peut déceler ici, le lien très direct unissant l'heure où les délits sont commis et le temps de disponibilité des jeunes. Un autre facteur important, la diminution de la surveillance parentale, ce manque pourrait être le fait que les deux parents travaillent, inconscients de ce qui se passe, manquent de moyens pour intervenir ou encore ils ont abdiqué ou sont totalement désintéressés. La délinquance pourrait être pour eux un moyen de combler un désir qu'ils ont de voir la société s'intéresser à eux. 2.2.2 Les besoins auxquels répond le gang criminalisé. Le gang criminalisé répond à plusieurs besoins. Par le biais des actions posées, il permet au jeune de déployer de l'énergie et de vivre intensément. Il y a aussi, l'aspect d'excitation, de jeu relié aux activités plus dangereuses. Par l'appropriation du bien d'autrui, ils se satisferont en payant leurs dettes ou en accumulant des biens matériels ce qui leur permettra de faire la fête. Par l'agression, ils trouvent à se défendre pour mieux se protéger ou à se venger d'un mal qui leur a été causé. S'ils agressent par plaisir, alors ils se sentent plus puissants en exerçant leur pouvoir de domination. Ils en retirent du prestige auprès des autres membres de la bande. Il faut voir clair, les jeunes peuvent être cruels. Ils sont de plus en plus violent est-ce peut-être simplement le reflet de notre société. La bande a pour effet de développer une certaine culture de la délinquance. Une partie de l'apprentissage se fait par imitation. Lorsque le meneur entame la démarche délictuelle, les inhibitions sont levés, le passage à l'acte est amorcé et il ne suffit plus que d'imiter le meneur. Le groupe se supporte, se trouve de bonnes raisons d'agir de la sorte. L'individu seul est faible, le groupe lui donne le sentiment de puissance. De plus, «l'effet de bande» vient renforcer certains comportements, habituellement vus comme déviants par la société en général. La phrase suivante vient bien illustrer une autre répercussion de l'effet de bande: «L'utilisation du gang pour se protéger contre la réprobation du milieu et les appels de sa conscience.» (Lavallé et Mailloux (1965)). 2.3 Structures de la bande criminalisée à l'adolescence. L'âge moyen des membres des gangs est de 16 ans (entre 11 ans et 22 ans). Près de 55% des membres de bandes délinquantes viendraient de familles désunies. quoique cette statistique, semblable à celle de délinquants ne faisant pas partie d'un groupe, il ne faudrait tout de même pas oublier que l'autre 45% vient de familles dites «normales». Selon une étude faite en France (Michard, 1963), les deux derniers-nés auraient tendance à participer plus souvent que leurs aînés à une bande délinquante. Pour ce qui est du statut social, les membres des bandes viendraient d'une catégorie sociale modeste, mais non défavorisée. Les filles, gravitant autour des bandes, viendraient quant à elles, d'un milieu socio-économique plus faible que les garçons. L'absentéisme scolaire serait quelque peu plus élevé chez les membres d'un groupe délinquant que chez les autres adolescents (y compris les délinquants agissant seuls). Individuellement, le délinquant de bande s'adapterait moins bien aux réalités de la vie. Il a plus souvent , dans son passé, des conduites inadaptées n'ayant pas été sanctionnées. Il adopterait une attitude d'opposition systématique. Il se vanterait plus facilement de ses actes car, il en revendique la paternité. Contrairement au délinquant agissant seul, l'origine asociale est moins familiale. Elle serait due principalement au groupe. 2.3.1 La bande non-stucturée En premier lieu, les activités du «groupe» ont un caractère ludique; leur but, avoir du plaisir ensemble. Souvent, les membres ne se connaissent pas ou très peu. L'excitation mutuelle mènerait le «groupe» à se comporter, il n'y a pas de préméditation. Dès lors, on parlera de groupe non-organisé comme ce fut le cas lors des événements de la coupe Stanley, il y a quelques années. Suite à «l'activité», les «membres» ne se reverront probablement plus. Le vandalisme et les délits de moeurs sont les actes qui leur sont le plus souvent reprochés. On parle de groupes semi-organisés lorsque les rencontres sont plus ou moins régulières durant les temps de loisirs. Il y a une certaine cohésion au sein du groupe et une certaine organisation se forme suite aux rencontres qui deviennent une habitude. Les membres du groupe ne sont pas stables, certains décident de ne plus participer à ces rencontres informelles, alors que de nouveaux «membres» s'y ajoutent. Il n'y a pas de leader ou de chef désigné, chacun peut occuper ce rôle par moment. Il arrive qu'au gré du temps, un groupe semi-organisé en vienne à se doter d'une structure plus rigide, on parlera alors d'une bande organisée. Les délits le plus souvent reprochés, souvent prémédités, sont le vandalisme et le vol. 2.3.2 La bande structurée. Beaucoup moins nombreuses que les bandes semi-organisées, la bande structurée a une charpente plus définie. Les membres ont un passé commun, des règles se forment à l'intérieur du groupe, régissant les interactions entre les membres et les relations avec le «monde externe». Les rencontres sont beaucoup plus régulières et ils disposent d'un lieu pour s'y retrouver (comme ce fut le cas pour le groupe des Pocos Peros Locos (peu nombreux, mais fous) qui utilisait un tuyau pluvial d'environ 1 mètre trente de diamètre et vingt-cinq mètres de profondeur débouchant sur la paroi de la carrière Francon à Montréal). Ils sont souvent tenus à un code d'honneur et une solidarité plus ou moins forte les unit. Les groupes ou bandes organisés sont constitués de sous-groupes: l'état-major, formé de 3 à 5 membres, les autres, les pions. Des vols de diverses importances à l'agression, en passant par des actes de violence et les crimes qui font partie de leur quotidien. Ces crimes sont le plus souvent prémédités. L'augmentation de la cohésion est directement liée à la durée dans le temps de la bande. Du simple rassemblement occasionnel, on peut se retrouver avec un groupe bien organisé. Il se développe, au cours de ces rencontres, une culture bien propre au groupe. Le gang s'enrichit de souvenirs communs favorisant les échanges et les communications interpersonnelles. Ces partages d'intérêts viennent combler les besoins qu'ont ces adolescents. Il y a un processus de maturation de groupe qui s'effectue et une structure sociale se développe. Ces changements s’élaborent souvent de façon inconsciente aux yeux même des membres de la bande. Plusieurs facteurs favorisent la structuration du groupe. Il y a entre autres, les attitudes réactives venant du milieu social (parents, institution scolaire, force policière ou même des jeunes ne faisant pas partie de la bande) où évolue le groupe. Ces attitudes provoquent souvent un sentiment de rejet, ce qui unit les membres entre eux. Une rupture avec le milieu familial ou scolaire peut également entraîner un besoin de rapprochement avec les pairs. Lorsqu'une bande fait déjà la pluie et le beau temps dans un quartier, il se peut fort bien que certaines jeunes victimes de cette bande s'unissent pour former leur propre groupe dans le but de se défendre. Souvent, ils feront subir à d'autres jeunes les mêmes sévices qui les ont fait se réunir. Ce sera alors un sentiment de puissance (le groupe) qui fera suite au sentiment de faiblesse (individu seul) qu'ils ressentaient auparavant. Un autre facteur pouvant consolider les liens entre les membres: l'arrivée d'un événement circonstanciel. Par exemple, si l'un des membres se fait accuser d'un fait, les autres membres le couvriront. Ce geste peut être un facteur important de consolidation des liens. À la limite, un leader surgit au sein du groupe et guidera ce dernier vers un groupe plus structuré. Par contre, certains facteurs peuvent amener le gang vers la dissolution. Si le leader, moteur du groupe, quitte, cela entraînera probablement la dissolution du groupe. Les vacances, autre facteur de dissolution, car si elles laissent plus de temps aux membres pour se retrouver (congé scolaire), elles peuvent aussi disperser les membres d'un groupe (ex: vacances à l'extérieur de la région). Les réactions sociales, telles l'intervention policière, peuvent également jouer un rôle important. Pour exemple, les policiers du poste 44 de la CUM ont installé une roulotte dans la paroisse Saint-René-Goupil à Montréal. En juin dernier, le gang haïtien Crack Down Posse avait élu domicile dans un duplex de la 55e avenue. En plus des policiers, la roulotte a accueilli des groupes communautaires dans le but d'aider à la surveillance du quartier. Le gang de rue a depuis «disparu». L'usure du groupe, une surveillance accrue de la part des parents, la perte de confiance, suite à l'échec de l'infraction commise, et l'âge des participants (le besoin du groupe diminue à l'arrivée à l'âge adulte) sont tous des facteurs pouvant mener à la dissociation d'un groupe. Les membres des gangs sont généralement de sexe masculin, les filles de la bande peuvent parfois se constituer en groupe et prennent habituellement comme nom le penchant féminin du groupe associé masculin (par exemple les Bad Girls pour les Bad Boys, les Cholas Locas (les filles folles) pour les Pocos Pero Locos. Actuellement, l'escouade anti-gang de la CUM a entendu parler des Pink Ladies. Ce groupe, formé de jeunes filles latinos, serait indépendant de tout gang de gars. Il se pourrait bien que ce soit l'un des premiers gangs de filles autonomes sans liens avec un gang de gars. Faire un portrait type d'un membre de gang de rue à Montréal nous donnerait ceci: il est violent, actif et imprévisible. Il rejette toutes formes d'autorité. Il a une attitude désabusée, de désintéressement et est arrogant. Souvent, il a été la victime. Il a un langage grossier, des propos haineux et/ou racistes. Il est peu scolarisé et présente des troubles de comportements. Il a eu des démêlés avec la justice et provient généralement d'un groupe ethnique minoritaire. Il n'a pas d'emploi ou ne le conserve pas. Sorti d'un milieu social économiquement pauvre, il devient, avec le temps, de plus en plus violent. Certains indices peuvent nous indiquer qu'un jeune fait partie d'un gang de rue: l'habillement ou la coiffure, de nouveaux amis plus âgés qu'il identifie par des surnoms. Il est en possession de drogues, de boisson, d'une arme. Il a des absences répétées à l'école et il a de l'argent ou des objets de valeur, mais ne travaille pas. Ses amis, plus importants que tout, il les défend et les protège. 2.3.3 Rites et lois chez les gangs criminalisés. Dans les bandes de rues comme dans tout regroupement d'individus, les rites de passages font partie d'une certaine culture du groupe. On n'a qu'à penser aux groupes sociaux, tels les Chevaliers de Colomb où l'aspirant-membre devra vivre une initiation avant d'être admis comme membre à part entière. La plupart des mouvements scouts initient (totémisation) leurs membres lors du transfert d'éclaireur à pionnier. Récemment, l'armée canadienne a vécu un imbroglio suite à la diffusion d'une séance d'initiation en Somalie. Les rites de passage sont normaux et les gangs de rue ne font pas exception à la règle. Pour ce qui est des lois régissant les membres des gangs, on se retrouve encore là avec un phénomène normal. Dès le moment qu'on se retrouve en «communauté», certaines règles sont indispensables au bon fonctionnement à l'intérieur du groupe. Cependant, il faut ajouter que seulement les groupes les plus structurés s'établissent des règles régissant leurs membres. Voici quelques rituels auxquels s'adonnent ces groupes: Uniforme (couleur), vêtements, bijoux, possession d'articles et de symboles propres au gang, tatouages, armes, graffitis (les graffitis ne sont pas tous reliés aux gangs de rue), jargon (manière de parler), poèmes, musique, loyauté, rivalité avec les autres gangs. 2.4 Les formes d'expressions de la criminalité chez les bandes d'adolescents. Bref historique des activités criminelles des gangs de rue. (Pierre Blondin, 1995) 1985
Les activités
criminelles des bandes de rue se modifient constamment. Il y a une
constante évolution dans les gangs de rue; ce qui est vrai
aujourd'hui ne le sera pas nécessairement dans trois mois.- Taxage dans les écoles secondaires. - Méfaits près et/ou dans les transports en commun. - Prostitution juvénile. 1989 - Vols qualifiés sur la personne. - Prostitution juvénile organisée. - Affrontements inter-ethniques. 1991 - Taxage généralisé. - Prostitution. - Vols qualifiés dans les commerces. - Vols à l'étalage en groupe. - Affrontements inter-ethniques en groupes armés. 1993 - Consommation et vente de drogues, telles que «crack», cocaïne, pot et acide. - Prostitution. - Vols qualifiés spécialisés. - Apparition des couleurs identifiant des groupes précis. - Augmentation des tentatives de meurtre. - De plus en plus de victimes et pourtant de moins en moins de plaintes. (Un revirement de la situation s'effectuerait présentement (1995)). 2.4.1 Le vandalisme. Le vandalisme, activité très répandue comporte peu de risques. Il permet aux jeunes de se défouler. La preuve, à l'âge adulte le phénomène perd beaucoup de son ampleur. C'est de plus une façon pour lui de revendiquer et de s'exprimer, les graffiti en sont l'exemple le plus frappant. 2.4.2 Le « taxage » et le contrôle de territoire. Le «taxage», activité délictueuse la plus représentative du phénomène de gang, consiste à prendre directement à autrui ce qui lui appartient en le menaçant. Ce peut être également, offrir à plus jeune que soi une protection en retour d'argent ou d'objets lui appartenant. Cette protection peut être d'avoir la permission de traverser à un endroit ou encore le droit de porter telle couleur ou encore telle sorte d'habillement (calotte, bottes, etc.). C'est souvent le début, pour la victime, du chemin qui le poussera à intégrer un gang de rue ou encore à créer le sien. D'autres décideront par contre de s'armer pour se protéger. Le taxage , souvent utilisé à titre d'initiation a pour but de prouver sa volonté et sa fiabilité avant son acceptation comme membre à part entière du gang. À Montréal, la présence des policiers dans les cours d'écoles a contribué grandement à la diminution du phénomène. On observe, plus particulièrement chez les bandes criminelles structurées, un certain contrôle du territoire. Il s'effectue dans le but de protéger les clients réels et potentiels que fournit le marché des stupéfiants. 2.4.3 La violence. La violence a augmenté considérablement ces dernières années. De batailles à mains nues, on en est rendu aujourd'hui, à l'utilisation de couteaux et armes à feu. Le but est maintenant de tuer ou du moins de blesser grièvement. La violence et le pouvoir vont de pair dans les gangs de rue. La plupart des leaders délogés iront se joindre à un autre groupe, ce qui provoquera de nombreux affrontements. Les "drive by shooting" se sont les fusillades en automobile dans les rues d'une ville ou sur une autoroute plus ou moins fréquentée. La raison peut être qu'un membre à reconnu (ou croit avoir reconnu) un membre d'un groupe rival ou ils tirent au hasard sur les bâtiments, trottoir et même sur des personnes par simple plaisir... 2.4.4 Le vol par effraction. Il constitue une manière intéressante et rapide de faire de l'argent ou de se procurer des biens convoités. C'est la forme le plus répandue de délits commis par les jeunes. Ces derniers, manquant de qualifications pour de plus gros délits, ils s'en tiendront à ce genre de délinquance peu risquée. 2.4.5 La prostitution et proxénétisme Depuis quelques années, les gangs de rue ont installé un système de recrutement. Les jeunes qui y sont recrutés sont habituellement des adolescentes en difficulté. La façon de s'y prendre est simple, un membre du gang démontre de l'intérêt pour la jeune fille, lui fait visiter un appartement, la sort dans les restaurants et les bars. Le gang dépense de l'argent pour elle pour finalement lui indiquer qu'elle doit gagner sa vie... et la vie du gang. Par la suite elle doit aller en province pour danser et si elle ne rapporte pas assez d'argent au retour, elle est battue. Puis, c'est la prostitution et on la rend complice d'actes criminels, où elle fera le guet, transportera les armes ou servira de courrier pour le transport de la drogue. Selon Pierre Blondin agent enquêteur à la section anti-gang de la CUM, plus de 80 adolescentes ont accepté de témoigner contre leur souteneur au cours des 5 dernières années. Il faut préciser que les gangs vont jusqu'à recruter «leurs» filles dans les centres de réadaptation. Le processus demeure simple, une fille du gang entraîne d'autres filles du centre avec elle lors d'une fugue, celle-ci les présente aux membres du gang et le manège recommence. 2.4.6 Le trafic de stupéfiants et la toxicomanie. Le commerce de la drogue constitue une des activités criminelles des gangs de rue. Le crack serait la drogue la plus populaire, elle est peu chère (20$) mais l'individu qui la prend devient très rapidement dépendant de cette dernière. Une autre activité qui dérive de la vente de drogue, c'est les «burn». Le gang s'attaque à un revendeur de drogue pour le voler (argent et drogue, bien entendu). La police de la CUM a constaté que suite à l'arrestation dans le secteur St-Michel de 20 trafiquants de crack, il y eut une baisse de 50% des vols qualifiés sur la personne et dans les commerces. Encore une fois on peut voir un lien assez direct entre les vols et la consommation de drogue (il faut de l'argent pour s'en procurer). 2.5 Les liens unissant les gangs d'adolescents et le crime organisé. Les liens unissant les gangs d'adolescents avec la mafia ou encore les gangs de motards criminalisés sont presque inexistants. Évidemment, on peut se douter que ces organisations fournissent la drogue à la majorité du marché. Mais aucune preuve tangible ne peut assurer ce lien présentement. III- INTERVENTION ET PRÉVENTION: À Montréal, les travailleurs de rue, les intervenants, la police, les écoles et certains parents travaillent tous ensemble afin d'arriver à mieux comprendre le phénomène, et à intervenir de façon efficace. Étant donné qu'une grande majorité des jeunes membres d'un groupe sont également au départ des victimes de ce genre de criminalité, il est important de comprendre comment enrayer ce cycle de violence. Un jeune victime d'un gang, vivra un sentiment d'insécurité, de peur de récidive. La peur de passer pour un "stool" en dénonçant le crime dont il est victime le portera à s'affilier à un groupe afin de se sentir en sécurité et c'est le début de l'engrenage vers la délinquance et la criminalité adulte. Il faut des adultes pro-actifs sachant observer et intervenir rapidement et efficacement si l'on veut en finir avec ce genre de criminalité qui ronge notre jeunesse. 3.1 Niveau parental. M. Emmanuel D'Alabert, autrefois dans l'équipe de recherche de Monsieur Marc Leblanc et aujourd'hui, agent de liaison à la maison des jeunes L'Ouverture, dans le bastion haïtien à Montréal-Nord, a fait référence à la notion de responsabilité qui renvoie à la responsabilité des actes commis (Je suis responsable de mes actes) et à la notion de devoir (Je DOIS respecter les autres: jeunes, vieux, biens publics). Il nous a indiqué que les familles devraient inculquer, en plus de la notion de responsabilité, celle du devoir, notion plus rare de nos jours, car elle fait référence à la morale. Il indique également que les jeunes ont tous les droits mais peu ou pas de devoirs. Ajouter cette notion dans l'éducation des jeunes pourrait, selon lui, régler non pas le problème dans son entier, mais du moins en partie. Il est à noter que c'est souvent lors de l'arrestation de leur enfant que les parents apprennent les activités cachées de leurs enfants. Lorsqu'ils en sont informés, ils vivent la plupart du temps, un état de surprise et de déni: «Ça ne se peut pas!», «Notre enfant n'est pas comme ça», «C'est sûrement la faute d'un autre enfant». La façon dont ils interviendront avec leur enfant peut être décisive dans la tournure que prendront les événements par la suite. Ils ne doivent surtout pas être naïfs, mais une réaction trop violente et fermée peut être cependant plus néfaste. Certains organismes offrent de l'aide aux parents vivant des difficultés avec un adolescent délinquant ou faisant partie d'un gang de rue. 3.2 Niveau policier. La police fait déjà beaucoup de prévention dans les écoles. Des programmes de sensibilisation jusqu'à une surveillance plus étroite des milieux scolaires, on sent qu'il y a une intervention qui est faite et que celle-ci se raffine avec les années comme en fait fois ce qui suit. Une pièce de théâtre écrite par des policiers, des jeunes, des travailleurs sociaux et des psychologues a été montée pour sensibiliser les jeunes à la fugue, la drogue, la violence et la prostitution. Cette pièce a pour but de sensibiliser et d'amener les jeunes à dévoiler ce dont ils sont victimes. On peut y percevoir une certaine collaboration entre les intervenants sociaux, policiers et parents en cours d'évolution. 3.3 Niveau juridique. D'après les informations qu'on a pu recueillir, le milieu juridique fait peut-être preuve de laxisme dans l'application des sentences avec les adolescents. Selon plusieurs intervenants, les juges devraient faire preuve de plus de célérité dans l'application de la «Loi sur les jeunes contrevenants». Il faudrait également penser à de nouvelles formules qui seraient plus efficaces dans l'aide apporté aux jeunes délinquants. (Par expérience, nous avons tout à gagner à "judiciariser" ou du moins entreprendre le processus de judiciarisation afin de faire comprendre au jeune ayant commis le délit, que son geste est inacceptable et qu'il amène automatiquement une conséquence négative.). 3.4 Niveau social. Un programme, s'adressant aux parents voulant s'informer sur le phénomène de gang ou encore voulant de l'aide pour intervenir, a été mis sur pied par le service de police en collaboration avec les services sociaux. De plus, la ligne d'écoute téléphonique «INFO-GANG» est disponible aux jeunes victimes, témoins ou qui ont besoin d'aide et voulant s'en sortir mais ne sachant que faire. Le milieu se mobilise de plus en plus face à cette problématique. La nouvelle réforme des services sociaux déléguera plus d'intervenants à travailler dans le milieu. Ce qui veut dire une plus grande prévention (agir avant qu'il ne soit trop tard). On voit aussi plusieurs municipalités embaucher des travailleurs de rue. Ces derniers sont aux premières lignes d'une intervention plus efficace et plus ciblée. CONCLUSION. Selon l'agent Chacon, spécialiste en gangs de rue à New-York, le plus dangereux avec le phénomène de gang de rue, c'est de ne pas le prendre au sérieux parce qu'il s'agit de jeunes adolescents. C'est ce qui est arrivé en 1981, à l'apparition des gangs de rue à New-York. Aujourd'hui, ces mêmes adolescents constituent les bandes criminelles les plus violentes et elles contrôlent le trafic du crack de l'État de New-York à l'État de Floride. Le phénomène de gang est sans conteste un problème social. Cependant, il serait important de pousser plus loin la réflexion et se demander si ce n'est pas plutôt un faux problème et que le véritable problème en serait un de société (de choix et de valeurs véhiculées). Comme nous venons de le voir au cours de ce travail, les bandes très structurées à but criminel sont l'exception à la règle. La délinquance dans les bandes d'adolescents existe bel et bien mais ce n'est cependant pas le but ultime de leur regroupement. Les adolescents s'associent pour combler des besoins qu'ils ne réussissent à satisfaire en partie, qu'entre eux. Une fois le groupe établit, les réalités de l'adolescence (recherche de l'identité, l'estime de soi, besoins de compréhension et d'acceptation, tester les limites des interdits sociaux,, etc.) entrent encore plus en considération comme facteurs précipitant vers la petite délinquance. Cette contestation de l'autorité adulte est saine en soi comme l'indiquent la plupart des intervenants consultés. Ce qui est beaucoup moins sain, c'est la façon que certains jeunes l'expriment. Ce qui nous amène à parler de problème de société, c'est qu'on n'a plus affaire seulement à la petite délinquance acceptée comme «normal» chez les adolescents. Les actes de grande violence (souvent gratuits) sont nombreux chez nos adolescents. Il est plus que temps de se poser les bonnes questions. Entre autre, qu'est-ce qui incite ces jeunes à s'enfoncer plus profondément dans une violence qui nous semble souvent gratuite? Après la «génération X» ou «sacrifiée», on parle maintenant de la génération «capotée»! Plusieurs «capoteraient» également en se retrouvant dans une situation où l'avenir ne semble pas exister. On reproche à ces jeunes, vivant au jour le jour pour avoir moins peur ou moins mal, de manquer de respect et de bonnes valeurs... Mais qui donc était sensé leur transmettre cet héritage? Étude sur le phénomène de gang de rue - Jeunesse et Gangs de Rue, présenté au SPCUM par Jacques Hébert, Sylvie Hamel et Ginette J. Savoie: TÉLÉCHARGER LE DOCUMENT BIBLIOGRAPHIE AP (Washington). La délinquance juvénile s'accroît aux États-Unis. La Presse, Montréal, samedi le 16 septembre 1995, page J8. Berger, François. Le tiers des élèves d'une école avouent leur appartenance à des gangs de rue. 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